Nosferatu

Pour illustrer mon gros pâté sur l’expressionnisme, rien ne vaut des images. Et je vous propose de parler deNosferatu, de Murnau qui illustre parfaitement tout ce que j’ai dit auparavant. Ce film date de 1922. Peut-être que vous vous attendez à un film long, pénible et profondément ennuyant ( je sais pas d’où vient cette  » peur  » du film en noir et blanc muet ) mais détrompez vous. Ce film, c’est l’un des premiers films d’horreur, et l’un des premiers films de vampire. Si vous le voulez, le film se trouve facilement sur Youtube, mais attention à la version, l’une d’elle comporte une musique complètement incohérente et absolument insupportable, donc évitez pour le bien de votre santé mentale.

Nosferatu est directement inspiré de Dracula de Bram Stoker. Seulement, pour des questions de droits d’auteurs, les noms ont changés, même si l’histoire reste la même. Ainsi, Hutter un jeune notaire doit partir en Transylvanie pour rencontrer le Compte Orlok, qui désire acquérir une résidence en ville. Lors de sa recontre avec Hutter, Orlok est fasciné par une photo de Ellen, la fiancée de Hutter. Mais celui-ci ne tarde pas à se rendre compte de la véritable identité du Compte, qui n’est autre qu’un Nosferatu, et autrement dit, un vampire.

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Comme je le disais, ce film est l’un des premiers films d’horreur. Le titre allemand est bien Nosferatu : eine Symphonie des Grauens  ,  soit la  » Symphonie de l’horreur « . Ajoutons à cela que l’interprète de Nosferatu / Orlok s’appelle Max Schreck . Or quand on sait qu’en allemand cela signifie  » Peur « , on a plus trop de doutes sur le genre de ce film.

Maintenant, il faut aussi savoir que c’est un film de 1922 et la musique diffère selon le film et la version, puisque la musique était jouée en même temps que le film au cinéma. Ensuite, il existe deux versions de ce film. Une en noir et blanc, et l’autre en couleur. Enfin quand je dis couleur, je veux dire que le cinéaste a utilisé des filtres de couleurs, qui sont très symboliques.

Je ne vais pas répéter les caractéristiques du film expressionniste car vous pouvez les retrouver ICI

Je vais donc sans plus tarder vous montrer une scène qui à mon goût illustre parfaitement tous les enjeux de l’expressionnisme ainsi que celui du cinéma d’horreur.

L’enjeu de cette scène se trouve dans la confrontation entre le bien et le mal, les ténèbres et la lumière: Ellen, qui est un être pur, doit se sacrifier à Nosferatu pour que la malédiction prenne fin

. Alors parlons de cette scène dans l’escalier. Nosferatu n’est qu’une ombre, et c’est une ombre assez terrifiante. On sait déjà qu’un truc moche va se passer. Et puis le fait qu’il ne soit qu’une ombre est symbolique car elle est révélatrice de la nature démoniaque de Nosferatu. Et d’un coup il y’a Ellen. Quand je vous disais que quand on a peur on a réellement peur, vous pouvez le voir de vos propres yeux. Mais regardez bien, Ellen porte une robe .. blanche. Encore une fois, la couleur est symbolique puisque Ellen est un être pur. Rien que la couleur connote cette opposition entre le bien est le mal. Mais cette opposition va rapidemment être annulée. Car lorsque Ellen est dans son lit, on voit l’ombre de Nosferatu sur la robe blanche. Comme si le mal s’emparait du bien, de la pureté de la jeune femme. Et il y’a cette musique stridente, qui fait monter la tension. Or n’est-ce pas là l’un des éléments typiques du cinéma d’horreur ? Je n’en ai pas parlé, mais l’image est bleue. Le bleue est ici symbolique, puisqu’il connote la nuit, le mal, et le froid.

Maintenant il y’a un plan qui m’intéresse énormément, c’est celui où Nosferatu est sur le corps de Ellen. C’est un plan d’ensemble, c’est-à-dire un plan qui englobe à la fois le décor et les personnages. Ce qui est intéressant, c’est qu’à gauche, il y’a Nosferatu plongé dans l’obscurité et à droite, une lumière. Au centre, il y’a une fenêtre, qui laisse à la fois passer les ténèbres de la nuit et la lumière du jour. Et d’un coup, la musique se coupe et laisse place au cri du coq. Symbolique encore, puisque le coq annonce le matin, la renaissance et surtout de la lumière. Le coq lui est dans une teinte rouge, contrastant parfaitement avec le bleu du plan précédant.

Gros plan sur Nosferatu qui lève doucement la tête. la noirceur de Nosferatu contraste encore une fois avec la blancheur d’Ellen. Clairement, Nosferatu vient de mordre Ellen, élèment récurent dans les films de vampire. C’est la première fois depuis le début de la scène qu’on peut apercevoir le visage de Nosferatu, assez effrayant tout de même. Puis il y’a le fou, qui est le serviteur de Nosferatu. Le fou, comme je le disais, c’est un personnage typique du film expressionniste. Lui aussi est teinté de bleu, parce qu’il est mauvais. On revient à nouveau dans la chambre avec un plan rapproché, qui permet de centrer sur les émotions du personnage. Mais surtout, il y’a un zoom sur la fenêtre. Or on a encore la confrontation entre lumière et ténèbre. Mais surtout, l’image est devenue rouge, symbole de la lumière et du jour. Nosferatu se lève, et fait étrangement le même geste qu’Ellen au début de la scène, presque comme s’il avait peur de la lumière. Et puis il disparaît, d’un coup, et tombe en fumée. Nosferatu est mort, et à gauche, Ellen est inconsciente.Elle se réveille, avant de retomber une dernière fois dans les bras de Hutter, morte. C’est donc le sacrifice du bien pour le mal.

 

L’ambiance est donc tendue, il y’a cette confrontation entre le bien et le mal qui se traduit par la mise en scène. Mais comme je le disais, ce film est l’un des premiers films d’horreur. Alors certes, on ne fait pas un malaise tellement les images sont fortes, mais il n’en reste pas moins que l’ambiance est très pesante, et que la mort est partout.

 

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