We can be heroes

On devient ce que l’on voit. Les histoires de que l’on écoute nous ouvrent sur le monde, une réalité qu’on ne comprend pas toujours. L’enfance, c’est ce moment où l’on se confronte pour la première fois à une réalité merveilleuse. Les héros de notre enfance sont ceux qui nous apprennent le monde. Ses valeurs, ses faiblesses, sa beauté et sa cruauté. Ce sont des modèles, qui ne nous quittent jamais totalement.

Voir des films, c’est se découvrir. Se créer soi même dans un futur lointain. On s’imagine aussi brave, aussi fort que ces héros. Capable d’affronter le monde. On s’identifie à eux. On se déguise comme eux, parce qu’on veut leur ressembler. Disney était la fabrique des rêves de nombreux enfants. Avec ses beaux chevaliers qui viennent sauver la douce et délicate princesse. Qui avec son baiser vient effacer toutes les peines. Et ils vécurent heureux avec beaucoup d’enfants. Alors quand on est une toute petite fille, on préfère s’identifier aux chevaliers, plutôt qu’à la princesse. Parce qu’il est courageux, et qu’il est capable de sauver le monde.

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Et il y’avait Mulan. Le film se tient à sa sortie comme à part des autres productions Disney. Le héros est une héroïne. L’histoire d’amour est relayée au second plan. Le film surprend déjà par sa violence. Les Huns sont de véritables méchants sanguinaires, et qui font vraiment peur. Jamais montrée frontalement, le film suggère une cruauté assez inouïe pour une production Disney.  On voit au loin les centaines de cadavres d’un village décimé, alors même que l’ambiance était à la fête quelques secondes plus tôt. On pourrait peut-être reprocher le film d’avoir une vision occidentale, et donc fantasmée de de la Chine, car le film véhicule toujours certains clichés. Mais la violence de Mulan est avant tout réelle. Celle des femmes. L’héroïne est une véritable guerrière, dont le seul but est personnel. Prouver qu’elle peut être quelqu’un.

J’ai grandi avec ce film, dont j’ai usé la VHS. Je me déguisais comme Mulan, parce que je voulais avoir son courage. Parce que je voulais lui ressembler. Non pas physiquement, mais moralement. J’avais cette minuscule boîte à musique, que j’allumais toujours. Reflexion. Avec ce petit miroir, et ce double fond où je pouvais y cacher des choses. C’est la mélodie qui a accompagné mon enfance, aussi loin que je me souvienne. Cette vie n’est pas pour moi. Je gardais inconsciemment le souvenir d’une héroïne qui voulait être elle-même au détriment de l’admiration de ses parents. Car Mulan m’a appris des choses, que je ne comprenais pas totalement.

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J’ai appris qu’on attendait de moi d’être une mère et une épouse. Et que j’avais le droit de ne pas le vouloir. Que j’avais le droit de m’en révolter. Que j’avais le droit de faire ce que je voulais. Honneur à tous. A tout ceux qui ne sont pas des femmes. A travers les clichés particulièrement prononcés, le film nous met évidemment du côté de Mulan. L’incompréhension et le refus des traditions. L’obligation de se maquiller, d’être délicate. De se marier, d’enfanter. J’ai appris que je n’étais pas obligée, et que ça ne me rendait pas mauvaise. Le film se passe dans une époque et une culture différente, ce qui ne veut jamais dire que nous ne sommes pas concernées. Le film parle avant tout de notre réalité.

Qu’on exigeait de moi de  retourner à ma place. Que c’était normal de me taire. Que je devais rester discrète. Que c’était normal de ne jamais être écoutée. Comme Un Homme. La virilité semble être un acquis social. On doit apprendre à devenir un homme, comme on apprend à être une femme. Les plus faibles sont traités de fillettes. Mais nous spectateurs connaissons la vérité. Mulan est la plus forte des hommes. Sous son masque d’homme, elle gagne le respect. Redevenue femme, elle gagne le mépris. Difficile d’avoir de la compassion pour les personnages. Tous sont pris dans les rouages des conventions de la société. Seuls Yao, Lin et Chien Po finissent par soutenir l’héroïne en mettant de côté leur virilité. Les autres ne sont que mépris, et on regrette peut-être un mariage dont on se serait bien passé. Mais son acte et ses valeurs transcende cette fin. Ce qu’on retient, c’est sa bravoure en tant que femme. Pas son mariage. C’est elle qui a sauvé l’homme, et non pas l’inverse.

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Car qu’est ce qui a changé, pour les femmes, pour elle ? Peut-être une chose qu’on ne trouve pas dans le film. L’inspiration et l’admiration de milliers de petites filles et garçons qui y verront l’ouverture d’un possible. C’est devenue l’héroïne d’une réalité.  J’ai donc grandi dans l’idée que je ne devais pas avoir honte d’être une fille. Que j’avais le droit de faire ce qui était réservé aux garçons. Que je n’avais pas à attendre le prince charmant pour être heureuse, mais que je devais faire ce que j’avais envie. Je n’ai pas envie d’être belle pour les autres. J’ai envie d’accomplir de grandes choses.  Et personne n’a le droit de m’en empêcher.

Je reste persuadée qu’on se construit à travers les films. Mulan a joué un rôle essentiel dans ma vie. Je n’avais pas tout compris. Mais j’avais compris le principal. On ne doit jamais sous-estimer le pouvoir d’une histoire.

 

 

 

 

 

3 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. tinalakiller dit :

    Mulan est dans mon top 3 de mes films Disney (et même animation tout court) préférés ! Je me rappelle encore de ma séance ciné – certainement une des premières de ma vie !

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  2. borat8 dit :

    Je me souviens qu’enfant j’aimais déjà beaucoup Spider man et Batman. Je les ai toujours trouvé fascinant et ce bien avant que je vois les films (je regardais les séries animées). D’ailleurs pour renvoyer à ce que tu dis je me déguisais justement en Batman enfant. Mais encore aujourd’hui je vois des héros et des héroïnes qui me plaisent, auxquels je peux m’attacher, voire plus encore m’identifier à leur parcours. C’est typiquement ce que je disais l’autre jour à propos du film The edge of seventeen. L’héroïne incarnée par Hailee Steinfeld a des points communs avec mon parcours. La trahison d’une amie je l’ai subi aussi. Pas de la même manière, mais ce fut aussi cruel. C’est un univers qui s’effondre et ça je peux le comprendre. Comme la perte de proches aussi. Et pourtant c’est un personnage féminin pour reprendre l’habituel cliché de certains disant qu’un homme ne peut s’identifier qu’à un homme et pareil pour les femmes.
    Par contre jamais été un grand fan de Mulan, que je trouve justement pas assez épique par rapport au sujet même (c’est pour ça que l’adaptation live me paraît évidente, plus que pour d’autres). Mais en le revoyant ces derniers mois je lui ai trouvé beaucoup plus de qualités. Déjà comme tu dis l’héroïne est forte, malgré que le film n’en montre à mon avis pas assez, et en impose face à des hommes souvent douteux. Elle montre qu’elle est aussi capable qu’eux de se battre et n’a pas besoin d’eux (une chose que l’on peut aussi voir dans Wonder Woman). Puis il y a quelques plans en particuliers qui marquent. Il y a à mon sens eu beaucoup plus de Disney radicaux et violents par le passé (rien que ceux des 80’s par exemple), mais la vision du camp décimé est assez impressionnante. Puis le film est assez divertissant.

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  3. Alice dit :

    J’adore ce film d’animation, car j’ai découvert des choses vraiment intéressantes sur la Chine. Mulan est une femme forte qui s’oppose aux lois des hommes. J’ai versé quelques larmes en visionnant ce long-métrage.

    A+

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