FEFFS 2016 – Jours 3 et 4 : Tennis absurde et Giallo

Jeudi 22 septembre.

La dure réalité m’a rattrapée, et m’a empêchée d’aller errer dans les salles obscures. A l’exception d’une séance en plein-air de Jurassic Park, au pied de la cathédrale. Je suis donc de retour pour les quatre derniers jours du festival.

La journée recommence à 14h, avec l’intriguant Fear Itself de Charlie Lyne . Produit par la BBC, le documentaire cherche à explorer les mécanismes de la peur au cinéma. Mystérieux et fascinant. Porté par une voix off envoûtante, le film décortique le cinéma d’horreur et questionne notre rapport avec celui-ci. De la peur primaire du vide, à l’angoisse du surnaturel, en passant par le dégoût du sang , la peur est avant tout un phénomène personnel qui révèle une part bien plus grande de notre personnalité. Un objet qui ravira les cinéphiles en tous genres, subjugués par les différents extraits de films cultes ou inconnus, américains ou indiens qui s’enchaînent au rythme des confessions de sa voix off. Une réflexion véritablement passionnante sur ceux qui créent la peur, et notre réception à celle-ci.

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Changement d’ambiance. The Open de Marc Lahore. Film français, et de genre, ce qui est déjà beaucoup trop rare pour être souligné, il raconte l’histoire de trois personnages qui errent seuls dans un monde post-apocalyptique, mais qui s’entraînent chaque jour pour Roland Garros, sans balle et sans cordes.  Premier long métrage de Marc Lahore, qui s’est lui-même occupé  de tout ce qui touche à l’image, le film est audacieux, touchant et surtout esthétiquement magnifique. Le tennis devient un objet cinématographique, dans ses mouvements qui étonnent toujours.  Une absurdité qui laisse penser à Quentin Dupieux, mais où le premier degré est essentiel. Car ce qui fait la force de ce film, c’est avant tout cette foi inébranlable dans cette compétition de tennis improbable, avec des balles inexistantes et  des raquettes sans cordes. Une folie saine dans laquelle s’enferment nos trois personnages, pour échapper à une folie plus dangereuse, de la guerre, de l’inhumanité et de la désolation. Ce besoin de fiction traduit ce besoin presque fondamental  à se raconter des histoires, peut-être parce qu’elles incarnent en elle tout ce qu’il reste de l’humanité. Un vrai coup de cœur pour ce film.

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La compétition des courts-métrages internationaux nous offrent cette années quelques petites perles. A commencer d’abord avec Coup De Grâce, court-métrage allemand plutôt fun dans lequel un homme supplie ses ravisseurs de lui mettre une balle dans la tête, alors que celui-ci a les pieds dans du ciment. Les personnages parviennent à être sympathique et la situation prend une tournure assez cocasse.

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Direction Londres, avec Dawn of the Deaf de Rob Savage, film étrange et assez mystérieux sur le destin d’une jeune sourde, confrontée à la cruauté du monde, qui voit le monde s’éteindre soudainement après 9h, lorsqu’une étrange pulsation sonore infecte la ville. Une réussite.

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Film choc de cette sélection, The Disappearance of Willie Bingham, oeuvre Australienne de Matt Richards montre une nouvelle sentence dans les milieux carcérales dont le prisonnier Willie Bingham est le cobaye. Le film est raconté à la première personne, du point de vue du  » chirurgien « , qui ampute certains membres du prisonnier comme avertissement auprès des enfants, afin de les dissuader d’emprunter un chemin similaire. Oeuvre forte, rappelant les dérives psychologiques du traitement Ludovico d’Orange Mécanique , le film dénonce le pouvoir d’un Etat prêt à déshumaniser totalement ses prisonniers. Accusé d’abord d’avoir tué et violé une lycéenne, on finit par ressentir une certaine empathie pour cet homme qui finit par perdre tous ses membres, et de n’être même plus un homme. Passionnant.

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Véritable coup de coeur pour Madam Black, film du néo-zélandais Ivan Barge. Marcus écrase par mégarde le chat de la petite Tilly, et invente une histoire improbable pour ne pas faire de peine à la petite fille. Le film est vraiment drôle et touchant dans son absurdité. Un film qui fait beaucoup de bien, et de loin mon préféré dans cette sélection.

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Mention spéciale aussi à Strangers in the Night, court irlandais de Conor McMahon, qui narre l’histoire de de Damien, vieux garçon qui se fait réveiller en pleine nuit par sa grand mère pour rencontrer une demoiselle plutôt spéciale. Une histoire de fantôme vraiment drôle, teinté de comédie-romantique.

D’autres films sont également présent en compétition, comme The Tunnel, et Subotika : Land of Wonders, mais ceux-là ont beaucoup moins retenus mon attention. Enorme déception pour le seul film français, Mars IV, présenté comme une création originale de Canal + et réalisé par Guillaume Rieu. Il n’aura fallu attendre que le deuxième plan pour que la déception soit immense. Le film se rapproche du nanar, assumé peut-être même s’il est plutôt difficile de pouvoir l’affirmer pleinement. Le jeu d’acteur est plutôt maladroit, et comparé aux autres films présentés, celui-ci semble alors beaucoup moins bon.

Vendredi 23 Septembre

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Aujourd’hui, seulement un film. Et pas des moindres puisqu’il s’agit de  L’Oiseau au Plumage de Cristal de Dario Argento. Plus classique que  Suspiria, l’oeuvre pose les fondement du Giallo. Thriller italien, meurtres sophistiqués avec une pointe d’érotisme, fétichisme des gants et de l’arme blanche, et surtout voyeurisme. La scène de l’agression dans la galerie d’art épouse parfaitement ces codes. Un journaliste se retrouve voyeur de l’agression au couteau d’une femme par un individu ganté, coincé entre deux portes de verres, incapable de faire ni de dire, sinon de voir. Comme son spectateur, subjugué parce qu’il voit. Les décors sont froids, la musique est envoûtante. Un film essentiel pour le Giallo.

 

 

6 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Pour ce qui est des courts, totalement d’accord pour Willie Bingham, clairement le meilleur de la sélection, et aussi un peu pour Madam Black. Par contre, le reste allait du sympatoche (Coup de Grâce) au raté (Mars IV) en passant par le… WTF? (Dawn of the Deaf, sérieusement, tout ca pour ça)
    Par contre j’ai vraiment bien aimé aussi The Open, le gars respecte son concept de bout en bout et sait vraiment poser sa caméra au bon endroit !

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    1. Suzy Bishop dit :

      Dawn of the Deaf j’ai plutôt bien aimé, et je m’attendais pas du tout à ça ( j’avais oublié le synopsis pour le coup ), mais je suis pas sûre d’avoir vraiment saisi le truc. The Open, en plus le réalisateur est venu assister à la projection alors que ça n’était pas prévu, et c’était vraiment sympa de sa part !
      Je vois que t’as suivi le festival et que tu es de Strasbourg, ça fait plaisir ! 😀

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      1. Exact j’étais la pendant tout le festival, je compte une 20aine de séances cette année, avec de gros coups de coeur comme Grave, The Greasy Strangler, Another Evil mais surtout We are the Flesh 😀

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      2. Suzy Bishop dit :

        Ah tous les films que je n’ai pas vu ! Je me rends compte que je n’ai vu quasiment que des rétrospectives, je suis encore trop frileuse pour le cinéma un peu plus trash. We are the Flesh, c’est le film qui m’a le plus intriguée, mais j’ai pas osé, c’était comment alors 😀

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  2. En fait je vais surtout au FEFFS pour les films en compét + la plupart des midnight movies. Et We are the Flesh… wow wow wow. On aime ou on déteste, mais j’ai pris ca pour un vrai trip cauchemardesque, qui passe à une vitesse folle et qui m’a, personnellement, littéralement scotché sur mon fauteuil. Le tout avec un sous-texte politique jamais explicite, une mise en scène très influencée par Noé évidemment et un design sonore assez énorme. Après faut aimer les films qui secouent bien sûr, moi c’est ce que j’aime donc voilà 😀

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    1. Suzy Bishop dit :

      C’est typiquement ce qui peut me plaire dans sa forme, mais j’ai tellement peur du.côté subversif ! Je sens que je vais craquer un jour, je suis vraiment trop intriguée, et c’est ce cinéma bizarre qui m’attire

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